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au bout d'un moment, à force de raconter ceci
puis cela
en boucle. on ne voit plus trop de copains sur la route, dans les virages. il y a eu un moment, vraiment
un moment où tout le monde prenait des avions pour faire des distances. G. partait au brésil, C. partait au liban avec un voile dans les cheveux. L. vivait dans une voiture 4x4 avec son mec
toutes les saisons, la contagion de la bougeotte.
D. avait pris une année sans salaire pour voyager sur l'Atlantique à bord d'un voilier
toutes les saisons étaient très agitées
Souvent, on s'envoyait des cartes postales inhabituelles. il n'y avait jamais de petit chat ou de bouée gonflable mais des trucs troublants comme une image des jeux olympiques de Sarajevo avant que ce soit la guerre là-bas et qu'on voit apparaître des impacts de balles et d'obus sur les photos
et puis, petit à petit, ça diminue
et puis, peut-être que c'est bien
c'était des saisons où on parlait beaucoup. Des trucs à propos de changement et que pour ça, pour bien comprendre comment ça va pas, il fallait surtout aller voir et causer avec pas mal de gens. comme par exemple en Israël où on buvait surtout des alcools forts en regardant l'eurovision
et puis, est-ce qu'on ressent un déficit de crédibilité à force de trop parler blabla, c'est sûr. sûr
au fur et à mesure. à force d'observer, regarder, marmonner
c'est très égoïste
peut-être que les amis sont fatigués
peut-être même que je suis fatigué
je dis " tiens est-ce que je peux parcourir 2000 km en vélo et revenir exactement où j'étais avant "
ou quelque chose comme " quelle est la plus grande distance que je suis en mesure d'abattre en étant de retour à temps pour l'emploi "
Ou alors, est-ce que c'est l'uniformité inattendue des vitrines croisées sur la route qui nous a freinés
des fois, je sens que la dérive se poursuit sous une forme plus vague
des fois, je m'aperçois que la crainte du vide ou de l'exclusion a disparu depuis longtemps
est-ce que c'est pareil pour T., C., G, G., B., etc. ?
si je pense que oui, ça me rend assez heureux